vendredi 16 décembre 2016

Comprendre le fascisme du 21° siècle à la lumière de Reich et du postmarxisme

Charlie Chaplin dans Le Dictateur
Par Julie Amadis
#IpEaVaEaFaF
Le 16/12/2016








Actuellement en Occident ceux qui ont des actions et des idées fascistes recrutent.
D'abord les partis d’extrême droite augmentent leurs scores d'année en année en Europe. C'est ce que montre Le Figaro qui a étudié les résultats électoraux des Partis d’extrême droite en Europe depuis 2001.
"La progression est claire. Depuis 2001, l’extrême droite gagne du terrain sur le Vieux Continent. L’infographie que publie aujourd’hui Le Figaro.fr répertorie près de 250 élections de portée nationale en Europe sur une période de 15 ans. Au fil des années, nombre de pays se foncent (voir l’infographie ci-dessous), traduisant la progression dans les urnes de cette frange de l’échiquier politique. On note bien, localement, quelques retours en arrière, qu’ils soient le résultat d’un effondrement électoral ou de l’étiolement d’une position jadis bien tenue. On distingue également des zones hermétiques au vote d’extrême droite. Cependant, si cette hausse des résultats électoraux ne se traduit pas par une prise de pouvoir, elle n’en reste pas moins une tendance visible sur l’ensemble du continent européen. (Le Figaro)


Ensuite, on voit se développer un islamofascisme organisé par les USA et financé par l'Arabie Saoudite et  le Qatar. Des organisations comme Daech ou Al Qaeda  propagent un faux islam au service des banques. Elles ont pu être crées et prospérer grâce à l'aide des Etats Unis et elles prospèrent en 2016.

LIRE :

Wilhelm Reich toujours actuel pour analyser l'islamofascisme et les ribafascistes

Comme le dit Wilhelm Reich, le marxisme à lui seul ne permet pas de comprendre pourquoi de nombreuses personnes adhèrent aux idéologies fascistes.

REICH CRITIQUE LE MARXISME
"CONCEPTS VULGAIRES QUI BARRENT LA ROUTE A LA COMPRÉHENSION DU FASCISME"



Reich critique le marxisme.
« Pour comprendre force est de nous débarrasser d'abord des concepts marxistes
vulgaires qui barrent la route à la compréhension du fascisme. Les voici pour l'essentiel :
Le marxisme vulgaire établit une cloison étanche entre l'être économique et l'être social, il prétend que l' « idéologie » et la « conscience » des hommes sont déterminés exclusivement et directement par l'être économique. Il aboutit ainsi à une opposition mécanique entre économie et idéologie, entre « base » et « superstructure » ; il fait découler l'idéologie d'une manière schématique et unilatérale de l'économie et ignore la dépendance de l'évolution économique par rapport à l'idéologie. Pour cette raison même il ne voit pas le problème soulevé par « l'effet en retour de l'idéologie ». Bien que le marxisme fasse aussi état du « retard du facteur subjectif » tel que l'entendait Lénine, il n'est pas à même de se rendre mettre de ce retard parce qu'il l'a fait découlé exclusivement de la situation économique, sans chercher d'abord les contradictions économiques dans l'idéologie, sans appréhender l'idéologie comme une forme historique. » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich  p 37 – 38

Selon Reich, les marxistes sont incapables d'expliquer l'idéologie fasciste chez les ouvriers car ils considèrent que c'est « l'être économique » qui détermine l'idéologie de l'individu.
Autrement dit " l'existence détermine la conscience ".

Reich a raison de pointer du doigt les lacunes du marxisme.
En effet, le marxisme considère que la situation économique de l'individu et la place qu'il occupe dans la société vont l'amener à prendre conscience de la classe auquel il appartient.
De cette conscience de classe va naître une pensée politique qui va pousser l'individu à l'action.
Un ouvrier va prendre conscience qu'il est exploité par son patron et va donc être naturellement amené à défendre les intérêts de tous les prolétaires par l'action (grève, occupation d'usine...).

Quelques pages avant, Reich explique que la logique voudrait que les travailleurs défendent leurs intérêts dans des groupements politiques « communistes ».
«  Dans l'ordre rationnel on pourrait s'attendre à ce que les masses laborieuses paupérisées développent une conscience aiguë de leur situation sociale et s'emploient à mettre un terme à leur détresse. » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich p 34

Or, ce schéma marxiste ne s'applique pas toujours.
Il arrive dans des situations de crise sociale que les masses laborieuses choisissent le fascisme.
C'est ce que montre W Reich en décrivant les résultats des élections en Allemagne en 1932.

« Quel que soit le nombre de membres des classes moyennes ayant voté pour les partis de gauche ou d'ouvriers ayant voté pour les partis de droite, on est frappé par le fait que les estimations sur la stratification idéologique correspondent à peu près aux résultats des élections de 1932 : communistes et socialistes obtinrent ensemble 12 à 13 millions de voix, le NSDAP (Parti ouvrier national-socialiste allemand) et les Nationaux Allemands ensemble 19 à 20 millions de voix. Il s'ensuit que l'élément décisif n'était pas, sur le plan pratique, la stratification économique mais la stratification idéologique de la population. Les classes moyennes de la petite bourgeoisie ont donc joué un rôle plus important que celui qu'on s'accorde généralement à leur attribuer.
La grande avance du NSDAP qui passa de 800 000 voix en 1928 à 6,4 millions à l'automne 1930, à 13 millions en été 1932, à 17 millions en janvier 1933, coïncidait avec la régression rapide de l'économie allemande entre 1929 et 1932. Selon une évaluation de Jager ( « Hitler » Roter Aufbau, octobre 1930), la part des travailleurs sur les 6,4 millions de votants national socialiste s'élevait à 3 millions environ, dont environ 60-70 % d'employés et 30-40% d'ouvriers. » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich p 36-37

REICH EXPLIQUE LE FASCISME PAR LA
"SOCIOLOGIE SEXUELLE"


Reich recherche à comprendre ce phénomène du vote ouvrier fasciste à travers le prisme de la psychologie et en particulier à travers la répression sexuelle que subisse les Allemands.

Selon Reich, pour comprendre le fascisme, l'analyse marxiste doit se combiner avec les apports de la psychologie et notamment celles de Freud concernant le refoulement sexuel. Cette nouvelle science, il l'appelle « sociologie sexuelle ».

« Il en découle que la science de la sociologie de l'économie sexuelle qui repose sur les découvertes sociologiques de Marx et sur les découvertes psychologiques de Freud, est à la fois une psychologie de masse et une sociologie sexuelle. » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich, p 48-49

Comme il le souligne, si Hitler a réussi à hypnotiser les masses allemandes c'est qu'il réveillait chez les gens quelque chose qui correspond à leur psychologie malade.

« Un führer ne peut faire l'histoire que si les structures de sa personnalité coïncident avec les structures – vues sous l'angle de la psychologie de masse – de larges couches de la population » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich p 54

Selon lui, la répression de la sexualité a un rôle précis dans la société.

« La sociologie fondée sur l'économie sexuelle va plus loin : pour quel motif d'ordre social, se demande-t-elle la sexualité est-elle réprimée par la société et refoulée dans l'individu ? » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich

Reich étudie l'histoire et constate que la répression sexuelle existe depuis que les classes sociales et donc les inégalités sont apparues.

«  En se penchant sur l'histoire de la répression sexuelle on découvre qu'elle n'est pas née avec la naissance de la culture, qu'elle n'est donc pas une condition de la formation de la culture, mais qu'elle a débuté relativement tard, après l'instauration du patriarcat autoritaire et la naissance des classes » p 49 Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich

Il explique comment la répression de la sexualité des enfants entraîne une soumission à l'autorité, adulte.

Wilhelm Reich
«  L'inhibition morale de la sexualité naturelle de l'enfant dont la dernière étape est le rétrécissement caractérisé de la sexualité génitale, rend l'enfant anxieux, sauvage, soumis, obéissant, « aimable » et « docile » dans le sens autoritaire du mot ; en investissant tout mouvement de vie et de liberté d'une lourde charge d'angoisse, elle paralyse les forces de révolte dans l'homme et détériore, en lui imposant l'interdiction de penser aux choses sexuelles, sa puissance intellectuelle et son sens critique ; bref son but est la création du sujet adapté à l'ordre autoritaire, qui accepte ce dernier en dépit de toutes les misères et humiliations. Pour commencer, l'enfant doit se plier à l’État autoritaire en miniature, qu'est la famille, dont il doit accepter les structures, pour s'intégrer plus tard dans le cadre social général. La structuration autoritaire de l'homme se produit – ce qu'il s'agit de ne jamais perdre de vue – en premier lieu par l'ancrage d'inhibitions et d'angoisses sexuelles dans la matière vivante des pulsions sexuelles. » Psychologie de masse du fascisme Wilhelm Reich p 50

L'APPORT POSTMARXISTE
POUR COMPRENDRE LE FASCISME


Son analyse est pertinente. Mais elle doit s'inscrire dans une grille scientifique plus vaste qui prend en considération à la fois l'existence d'autres classes sociales que celles décrites par Marx – la dualité prolétariat contre bourgeoisie et la lutte de strates.

Tout d'abord, Reich ne va pas plus loin que ce que disent les marxistes quand il décrit les ouvriers allemands. Pour lui ce sont des prolétaires point barre. Il ne cherche pas à différencier les ouvriers qualifiés et des non qualifiés...
Pourtant lorsque l'on recule la caméra sociologique pour regarder les ouvriers allemands de 1932 parmi la masse des travailleurs dans le monde en 1932, on observe d'énormes différences de conditions de vie entre les ouvriers allemands et le travailleur moyen dans les pays du Tiers Monde.
En étudiant les revenus des ouvriers allemands, il est fort probable que l'on remarquerait que les plus qualifiés sont au dessus du revenu moyen mondial; et que donc, ils sont spoliateurs des ouvriers non formés des pays du tiers monde et appartiennent à la classe formoise appelée Formoisie par Yanick Toutain.
La définition de Formoisie étant "2e classe sociale exploiteuse principale: la bourgeoisie de la formation. Les membres de la formoisie ont le capital humain, reçoivent de hauts salaires (le plus souvent grâce à leurs diplômes) et consomment plus que le PIB moyen mondial".



LA BASE SOCIALE DU FASCISME : LA FORMOISIE ET LA PETITE BOURGEOISIE


Reich comprend que la dichotomie prolétariat bourgeoisie ne permet pas de comprendre le fascisme. Puisque la base sociale du fascisme serait selon lui « la classe moyenne » ou « petite bourgeoisie ».

Il comprend que ce qu'il nomme « classe moyenne » mais qui regroupe la Formoisie et la petite Bourgeoisie, est traître aux plus pauvres. Cette traîtrise s'expliquerait, selon Reich, par le fait que ses valeurs morales (préjugés sans fondements logiques) seraient identiques à celles de la grande Bourgeoisie.

« La situation sociale de la classe bourgeoise est déterminée :
a) par sa position dans le processus de production capitaliste
b) par sa position dans l'appareil d'Etat autoritaire
c) par sa situation familiale particulière, qui découle directement de sa position dans le processus de production et nous fournit la clef de la compréhension de son idéologie. Économiquement parlant, la situation du petit paysan, du fonctionnaire ou du commerçant moyen est marqué par certaines différences, mais sur le plan familial il y a identité, au moins dans les grandes lignes. » p 61 Psychologie de masse du fascisme

Ces deux classes sociales "Petite Bourgeoisie" et "Formoisie" sont des classes spoliatrices secondaires. Leur spoliation dépend directement de ce que la classe spoliatrice principale la bourgeoisie est prête à lui laisser. Et donc dépend directement de sa complicité dans l'écrasement du Formariat (classe sociale spoliée, ses membres ont un niveau de qualification inférieur à la moyenne mondiale).

W. Reich décrit la façon dont se manifeste cette complicité à l'égard des projets capitalistes au quotidien dans le travail par exemple :

«  La dépendance par rapport aux autorités établies qui caractérise cette couche sociale aboutit, à l'égard des collègues à une attitude de compétition incompatible avec la formation authentique de solidarité. La conscience sociale du fonctionnaire n'est pas déterminée par le sentiment d'une communauté de destin avec ses collègues mais par l'attitude face à l'autorité établie et à la « nation ». Cette attitude consiste pour le fonctionnaire, en une identification absolue avec le pouvoir étatique ; pour l'employé avec l'entreprise qui l'emploie. En réalité, l'un et l'autre sont des sujets au même titre que l'ouvrier de l'industrie. Pourquoi ne développe t-ils pas comme ce dernier, un sentiment de solidarité ? Réponse : parce qu'il occupe une position intermédiaire entre l'autorité et les travailleurs manuels. Sujet par rapport à l'autorité, il est le représentant de cette même autorité dans ses relations avec ses subordonnés et il jouit à ce titre d'une protection morale (non matérielle) particulière. Les adjudants de toutes les armées du monde nous fournissent le type le plus prononcé de ce produit de la psychologie de masse. » p 63

Dans les moments que l'on appelle « crise économique » comme 1929 ou comme l'époque que nous vivons actuellement (mais qui ne sont pas des "crises" pour la grande bourgeoisie puisque c'est à ce moment là qu'elle s'enrichit le plus), les classes intermédiaires sont les premières à être touchées. En fait, il s'agit d'un changement de stratégie des capitalistes qui choisissent momentanément de prendre de l'argent à ces classes intermédiaires pour s'enrichir encore plus, en n'espérant que celles-ci continuent de défendre le capitalisme et ne s'allient pas pour autant avec les plus pauvres.

La Formoisie et la petite Bourgeoisie sont, dans les périodes de crises économiques, face à un dilemme; soit elles choisissent de s'allier avec les plus pauvres et de faire la révolution afin de vaincre la bourgeoisie et de l'obliger à rendre tout ce qu'elle a volé, soit elles continuent comme avant à collaborer avec les capitaliste . Dans ce dernier cas, la bourgeoisie ne se sentant pas menacée, continuera d'écraser les classes sociales intermédiaires jusqu'à ce qu'elles deviennent elles aussi très pauvres.

Reich décrit ce choix qu'ont à faire ces classes spoliatrices secondaires :

« Les classes moyennes n'ont rien d'autres à espérer que l'anéantissement impitoyable. Le problème est simple : ou bien tous se confondent dans la masse grise et morne du Prolétariat où tout le monde possède la même chose, c'est à dire rien, ou bien on rendra aux particuliers la possibilité d'acquérir par la force et la ténacité, par le travail ardu de toute une vie, des biens propres. Classe moyenne ou prolétariat. Voilà la question ! » p 61

Comme ces classes sociales ont épousé les valeurs d’égoïsme de la bourgeoisie, ils leur aient difficile de faire un virage à 180 ° et de s'allier avec le Formariat. Elles sont donc prises en tenaille et une partie de celles-ci cherchent une troisième voix. Cette troisième voix, elles la trouvent dans le fascisme
.

A la différence de beaucoup d'autres marxistes, W. Reich avait compris en étudiant le fascisme que une partie de ce que Marx appelait le Prolétariat choisissait le camp de la bourgeoisie et défendait les mêmes valeurs.

« Au cours des dernières décennies, on assiste dans le monde ouvrier à un processus idéologique dont l'exemple le plus pur nous est fournis dans ce qu'on a appelé « l'aristocratie ouvrière », mais qui n'a pas épargné non plus le travailleur moyen de l'industrie. Le monde ouvrier du XX° siècle n'est plus le prolétariat du XIX° décrit par Karl Marx. Il a adopté dans une large mesure les modes de vie et les concepts de couches bourgeoises de la société. » p 78

Comme le dit Reich un groupe social de travailleur ayant de nombreuses valeurs similaires à la bourgeoisie a grossi depuis le 19° siècle. Ce groupe qui a grossi ce sont les travailleurs qualifiés.

Marx avait répondu à une question qui lui avait été posée sur le travail complexe du travailleur qualifié que l'on retrouve dans la note 19 du capital.
Yanick Toutain montre que c'est là dessus que Marx se trompe car il balaye cette question qui ne lui parait pas importante à l'époque où les travailleurs qualifiés sont minoritaires.

"
"On le voit, la différence entre le travail utile et le travail source de valeur que nous constations au commencement de nos recherches par l'analyse de la marchandise, vient de se manifester comme différence entre les deux faces de la production marchande. Dès qu'elle se présente non plus simplement comme unité du travail utile et du travail créateur de valeur, mais encore comme unité du travail utile et du travail créateur de plus-value, la production marchande devient production capitaliste, - c'est-à-dire production marchande sous la forme capitaliste.

En examinant la production de la plus-value, nous avons supposé que le travail, approprié par le capital, est du travail simple moyen.
Là, Marx concède la globalité de sa faiblesse conceptuelle : c'est dans l'ensemble de son ouvrage - Le Capital -, dans l'ensemble de son étude, qu'il a négligé de prendre en considération ce qui est le fondement de la classe exploiteuse formoise. Ce n'est pas une négligence locale. Ce sont tous les chapitres qui portent le sceau de cette lacune fondamentale.

La supposition contraire n'y changerait rien.
Cela resterait à prouver. Chose qu'il ne fera jamais. Nulle part.

Admettons par exemple, que, comparé au travail du fileur, celui du bijoutier est du travail à une puissance supérieure, que l'un est du travail simple et l'autre du travail complexe où se manifeste une force plus difficile à former et qui rend dans le même temps plus de valeur.

Ce distinguo se trouvait déjà chez Adam Smith. A cette différence que Smith insistait sur le TEMPS nécessaire à cette formation du travail complexe.
Marx embrouille le problème en invoquant une "difficulté" à former le "travailleur complexe". Il s'agit du temps de travail nécessaire à accumuler le capital formation.
Car c'est bel et bien d'une accumulation de capital qu'il s'agit." (Révolisation)

POUR LIRE L'ARTICLE ENTIÈREMENT :

L'erreur économique historique de Marx concernant la formoisie, le travail complexe et les transferts de plus-value : la note 19 du chapitre 7



Pourtant il y a bel et bien un transfert de plus valus entre le travailleur qualifié qui réalise un travail complexe et le travailleur non qualifié qui réalise un travail simple.


Cette productivité supérieure que la Formoisie revendique pour réclamer des revenus supérieurs aux autres est en réalité très faible au regard du stock d'innovations ancestrales, la productivité d'un formoi répétant est très faible.


Cependant Reich n'en a pas étudié les raisons économiques et n'a pas essayé de voir si la partie supérieure (du prolétariat) spoliait l'autre.

Reich explique, plus loin dans son livre que la base sociale de Hitler est la petite bourgeoisie et que, les valeurs et la morale de celle ci ont conquis une partie des masses.

« Il est toutefois intéressant de constater que l'origine petite-bourgeoise de ses idées coïncidait pour l'essentiel avec les structures de masses disposées à leur faire le meilleur accueil. Hitler s'appuyait, comme tout mouvement réactionnaire, sur plusieurs couches de la petite bourgeoisie. » p 55

Par "petite bourgeoisie", comme tout marxiste, Reich inclut à la fois les personnes qui retirent un profit de la propriété de leur moyen de production (comme les petits commerçants et les petits paysans) et les personnes qui perçoivent un revenu supérieur à la moyenne grâce à leur diplôme et qui appartiennent à la petite et moyenne Formoisie.

LUTTE DE STRATES

IDÉOLOGIE FASCISTE ATTIRE LES REPETANTS
ET LES PARASITES


Pour avoir le sentiment d'exister, chacun doit être reconnu par les autres par une identité qui lui ait propre.
La personne qui crée, qui découvre ne recherche pas à se différencier des autres par la violence ou par ses caractéristiques physiques, ce sont ses créations, ses découvertes qui l'identifient comme un individu différent des autres avec une personnalité propre.
A l'inverse quelqu'un dont les capacités innovantes ont été cassées par une répression subie depuis sa plus tendre enfance n'arrive pas à découvrir, à créer, à innover. Elle ne sait que répéter le monde qu'on lui propose. Elle devient une sorte de robot qui accepte ce que les puissants lui ordonne de faire. Mais cette personne a besoin pour autant de se différencier de la masse. Comme elle ne peut le faire par des critères innovants, elle le fait par l'identification à un groupe qui se dit « différent » mais « surtout » « supérieur » aux autres selon des caractéristiques physiologiques comme la couleur de la peau.
Les fascistes attirent donc ceux qui ont un besoin d'appartenir à un groupe qui se dit supérieur aux autres en raison de critères farfelues et racistes.


Et c'est pour cette raison que Reich a raison de dire que les capitalistes par leur répression de la sexualité et leur valeur (en réalité anti innovante mais ça il le suggère sans le comprendre) prépare le terrain à l'idéologie fasciste.

REICH : "LE PETIT BOURGEOIS A BESOIN D'OPPOSER
SON INDIVIDUALITÉ A LA MASSE"

Pour Reich, le petit bourgeois a besoin d'« opposer son individualité à la masse ». Et ce à cause d'une éducation de répression. On pourrait traduire ce que dit Reich en langage post marxiste en disant que la destruction de ses capacités innovantes par la société (parents, école...) amène l'individu adulte à se sentir vide intérieurement et sans réelle personnalité. Pour combler ce vide, celui ci va prendre part à l'idéologie fasciste afin d'avoir le sentiment d'être important parce que dans ce groupe politique, on lui dit qu'il appartient à un groupe supérieur.

« Plus importante encore est l'identification des individus nivelés dans la masse avec le « führer » (leader). Plus l'individu a perdu, du fait de son éducation, le sens de l'indépendance, plus le besoin infantile d'un appui se manifeste par une identification affective au führer. Cette tendance est le fondement psychologique du narcissisme national, c'est-à-dire d'un sentiment de fierté emprunté à la « grandeur de la nation ». Le petit bourgeois réactionnaire se découvre lui-même dans le führer, dans l’État autoritaire, il se sent – en raison de cette identification – le défenseur de la « nationalité »(« Volkstum »), ce qui ne l'empêche pas de mépriser – en raison de cette même identification - « la masse » à laquelle il oppose son individualité ». Sa détresse matérielle et sexuelle est si bien « noyée » dans l'idée exaltante de faire partie de la race des maîtres et d'être conduit par un génie , que dans certains moments privilégiés, il en arrive à oublier qu'il est devenu un simple « suiveur » sans importance et sans voix au chapitre. » p 76

CONCLUSION


"Psychologie de masse du fascisme" est une œuvre majeure.
Les travaux de Reich doivent être étudiés et enrichis actuellement car ils constituent une mine pour comprendre nos sociétés du 21° siècle.
Le postmarxisme avec la découverte de nouvelles classes sociales, l'Innovoisie, la Formoisie, l'Egérioisie, Gangstéroisie, permet de comprendre plus finement les mobiles sociologiques des groupes sociaux attirés par le fascisme.
La lutte de strates complète en partie "la sociologie sexuelle" par laquelle Reich explique la sclérose des adultes dans nos sociétés capitalistes patriarcales.
Mais nous sommes au bord d'un océan de découvertes sociologiques et psychologiques permettant de comprendre les comportements humains.

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