dimanche 31 août 2014

Violence à enfants: depuis l'Antiquité à Rome et à Athènes jusqu'à la France du 21° siècle

Relief trouvé à Neumagen près de Trèves,
un enseignant avec 3 discipuli (180-185 AD)
par Julie Amadis
30/8/14 "pour Platon,
il faut taper les enfants
afin de supprimer en eux leur rébellion
qu'il nomme" insolence",
leur intelligence
qu'il nomme "ruse"
et leur créativité
qu'il nomme "astuce"."

DANS CES DEUX CAS, LES CHÂTIMENTS CORPORELS VISENT A LA REPRODUCTION D'UNE SOCIÉTÉ ESCLAVAGISTE

Les châtiments corporels assurent la reproduction d'une société esclavagiste. Il est impossible pour un humain d'accepter qu'un homme soit privé de sa liberté. Pour vivre avec cette réalité, il est indispensable de ne pas pouvoir ressentir ce que l'esclave peut ressentir et de savoir le rendre transparent.

IL FAUT DÉTRUIRE LA CAPACITÉ A L'EMPATHIE DÈS L'ENFANCE

Un enfant est très rarement indifférent au sort des plus miséreux. Il donnerait tout ce qu'il a pour que le mendiant mange, pour que l'esclave soit libre, pour que le SDF ait un toit.
J'ai vu dans mes classes cet élan naturel des enfants pour venir en aide à leurs camarades Roumains : Des enfants sans manteau, sans chaussettes, sans goûter, mais les autres gamins partageaient tout ce qu'ils avaient avec eux.
Autrefois, j'avais vu mon petit frère de 6 ans vouloir donner sa panoplie Playmobil auquel il tenait tant à son copain de classe qui avait perdu tous ses jouets dans un incendie.
J'ai entendu un joueur de guitare mendiant dans les restaurants me raconter des anecdotes d'enfants exigeant que leur parents cotisent pour la manche et même, parfois, donnant leur propre argent de poche pour la manche. Dans certains cas cherchant toutes les pièces de monnaie qu'ils pouvaient trouver pour les lui remettre.
Les preuves de la gentillesse et la générosité des enfants sont là.

OPPRESSION COLONIALE, OPPRESSION IMPÉRIALISTE, OPPRESSION ESCLAVAGISTE

Mais les adultes de ces mêmes sociétés acceptent de participer directement ou indirectement à l'oppression d'autres hommes, femmes et enfants. Cette transformation s'explique par l'éducation en grande partie.
Mais à cette éducation à l'oppression, les châtiments corporels participent largement.

LES ROMAINS DE L'ANTIQUITÉ BATTAIENT LEURS ENFANTS

“Le dressage est fait à l'aide de châtiments corporels dès que l'enfant, comme dit Galien, est en âge de comprendre les réprimandes et les coups. A l'école même si l'enfant suit des cours collectifs, le maître utilise la férule (Apul., Flor. 12).” p 142 La Famille dans la Grèce antique et à Rome, A. Rousselle, GG. Sissa et Y. Thomas, Armand Colin, 1986
A l'école, les violences étaient régulière et fortes.
“Les maîtres romains pratiquaient deux degrés de punitions en fonction de la gravité de la faute. La peine la plus légère était administrée avec une baguette (ferula) qui tombait sur la paume des mains : Ovide mentionne ainsi les « mains délicates » des enfants sur lesquelles s’abattaient « les verges cruelles » des maîtres43 ; le poète Martial définit la férule comme « le sceptre des pédagogues » (Épigrammes X 62, 10) et comme un élément central de la pédagogie romaine : « Férules (Ferulae). Grandement odieuses aux enfants et chères à leurs maîtres, nous sommes devenues, par le don de Prométhée, un bois illustre »44. “

VIOLENCES A ROME ET ATHÈNES

« Les châtiments corporels qui faisaient de l’école un lieu de violence sont devenus un topos dans la littérature latine et grecque. Cette réalité est incontestable. Une peinture placée sous les portiques du forum de Pompéi présente la même scène de flagellation sur le dos d’un enfant (figure 5) que le gemme précédemment cité et la saynète d’Hérondas41. » Violence ou douceur. Les normes éducatives dans les sociétés grecque et romaine, Bernard Legras source


VIOLENCES JUSQU'AU DROIT DE VIE ET DE MORT SUR LEURS ENFANTS

La toute puissance des chefs de famille allait jusqu'à leur donner le droit de vie et de mort sur leur enfant.

DÈS LA NAISSANCE, DROIT DE FAIRE MOURIR LES ENFANTS

Naître dans la famille ne suffisait pas pour assurer l'état de descendant légitime. Le père acceptait ou refusait l'enfant. Chacun sait aujourd'hui que l'exposer était un geste banal : P.Veyne (1978) a raison d'y voir un mode ordinaire de régulation des naissances, chez les pauvres comme chez les riches. Mais ce moyen pour les uns d'échapper à la charge de bouches à nourrir, pour les autres de préserver leur fortune au profit d'un aîné, comme le dit Musonius Rufus (frgt 15 b) au Ier siècle, n'est pas seulement une pratique relevant d'arrangements démographiques et matrimoniaux. C'est aussi , formellement un acte de souveraineté domestique dont un juriste sévérien rappelait encore les moyens (Paul Digeste, 25, 3, 4) : jeter à la rue, étouffer, priver d'aliments (formes non sanglantes, opposées à celles qui caractérisaient la mise à mort d'un citoyen). Ce geste, dès lors, éclaire son corollaire : recevoir l'enfant, c'était avant tout l'exiger.”

UNE VIOLENCE PHYSIQUE A FONCTION PEDAGOGIQUE ?

Les auteurs antiques justifient cette violence physique contre les enfants par le naturel “mauvais” des enfants.
Sénèque (précepteur de Néron) écrit :
"Par la souffrance physique nous corrigeons les caractères dépravés. C'est œuvre de raison et la colère n'y est pas nécessaire... au père seulement revient le droit de tuer". 
Il considérait comme très stoïque l'exemple de Vedius Pollion qui jetait ses jeunes esclaves fautifs aux murènes dont il se nourrissait ensuite...”

LES SOCIÉTÉS ADULTES MALADES RENDENT LES ENFANTS MÉCHANTS

Les enfants sont, au contraire de ce que dit Sénèque, naturellement gentils. Ce sont les sociétés adultes malades qui les rendent méchants. Les partisans des châtiments ont à toutes les époques les mêmes arguments débiles pour justifier leur inhumanité.

Les sociétés qui utilisent les châtiments corporels sont toujours violentes. Les AmérIndiens – Awoniens - par exemple n'utilisent pas les châtiments et sont pacifiques.

LES CHÂTIMENTS CORPORELS CAUSE DE COMPORTEMENTS ANTISOCIAUX

Des scientifiques ont étudié ce phénomène :

« Ashley Montagu, ethnologue, notait déjà il y a 50 ans que les sociétés relativement non-violentes avaient en commun l'éducation non-violente de leurs enfants, sans châtiments corporels (15).
Depuis, les travaux de recherche se sont multipliés sur ce sujet, surtout dans les dernières années et dans des pays de plus en plus divers. Ils font apparaître des relations insoupçonnées auparavant entre l'utilisation des punitions corporelles et l'exacerbation de la plupart des comportements antisociaux : délinquance, accidents, agressivité, mensonges, vols, dépressions, tentatives de suicide, abus d'alcool, actes d'agression sexuelle envers les enfants, violence conjugale, homicides... » source 
Bernard Legras historien a analysé le rapport existant entre la violence dans les sociétés grecques et romaines dans l'antiquité et dans leurs écoles.
Il résume ce lien entre violence envers les enfants et violence dans la société.
« La violence était omniprésente dans le cadre des institutions éducatives du monde antique grec et latin. Elle s’exerçait à la fois contre les usagers de l’école et du gymnase, entre ces usagers, et contre les maîtres. L’étude s’interroge sur la violence institutionnelle autorisée par la loi ou la coutume et la violence réprimée, sur les formes et l’expression de cette violence, et sur les évolutions, de la naissance de l’école à l’âge classique, au Ve siècle avant notre ère, à la fin de l’Antiquité. L’introduction de la douceur dans les rapports pédagogiques, dont le théoricien majeur est Quintilien, est tardive. Ces pratiques violentes faisaient de toute évidence écho à la violence diffuse qui affectait la vie des Grecs et des Romains. » Violence ou douceur. Les normes éducatives dans les sociétés grecque et romaine

LA FRANCE DU 21° SIÈCLE ET ROME DANS L'ANTIQUITÉ : 2 PUISSANCES COLONIALISTES ET ESCLAVAGISTES QUI UTILISENT LES CHÂTIMENTS CORPORELS CONTRE LES ENFANTS

« Comme aux États-Unis au XIXème siècle, un total d'esclaves compris entre 30 et 40 % en Italie a suffi pour que toute la société fut marquée par cette diffusion de l'esclavage. Les esclaves n'étaient pas majoritaires dans l'Empire, certes, et la majeure partie du travail agricole ou artisanal n'était pas accomplie par les esclaves. Mais l'influence sociale et économique de l'esclavage n'en était moins celle d'une « société esclavagiste » (ou slave society). » (p 85 Esclaves en Grèce et à Rome, Hachette littérature, 2006)
Même si ce total est probablement minoré (on avoisinait 95% à Athènes), cela caractérise une société où la main d'oeuvre servile fournit l'esssentiel du travail productif.
Il est logique que cette violence de l'esclavage rende nécessaire d'y préparer les enfants.

Et à Rome, les enfants étaient battus.

« Le dressage est fait à l'aide de châtiments corporels, dès que l'enfant, comme dit Gallien, est en âge de comprendre les réprimandes et les coups. A l'école même, si l'enfant suit des cours collectifs, le maître utilise la férule (Apul., Flor. 12). » (p 142, La Famille dans la Grèce antique et à Rome, A Rousselle, G Sissa et Y Thomas, Armand Colin 1986)
Il en est de même en France.

LA FRANCE GENDARME COLONIAL POUR LA SLAVOISIE ESCLAVAGISTE

La France est un pays qui occupe militairement de nombreux pays, soutient les dictateurs et laisse ses patrons payer 50 euros par mois les africains (Germinal sous les Tropiques dans Libé décrivait, sous la plume de Fanny Pingeaud, une grève en 2008 où les « esclaves de Bolloré » réclamaient 2 ou 3 euros de plus par mois. La slavoisie (la bourgeoisie esclavagiste) a donc le pouvoir en France et décide les noms des chefs d'états africains qui seront au manette dans les pays africains qu'elle contrôle : dans Jeune Afrique de cette semaine, on voit Fabius imposer le nom du premier ministre de Centrafrique à une présidente dont il pensait qu'elle ne s'occupait que de ….. son pagne....

« Grâce aux DROMS [(Départements et Régions d'Outre-Mer) NdE]hérités de son passé colonial, la France dispose de bases militaires dans toutes les mers du monde, ce qui peu lui permettre d’intervenir rapidement sur tous les théâtres d’opération. La base de Kourou, en Guyane, permet le lancement de satellites, mais elle est également exploitée à des fins militaires dans la mesure où elle abrite un Centre de contrôle militaire (CCM) effectuant des missions de surveillance et de renseignement. L’armée française dispose en outre de bases permanentes dans plusieurs pays d’Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad, Gabon et Djibouti) et, en2009, elle a ouvert une première base dans le Golfe, à Abou Dhabi. » source

LA FRANCE REFUSE DE RATIFIER L'ABOLITION DE LA FESSÉE EN EUROPE

Ce même pays est un des seuls pays européens à n'avoir pas ratifié la charte du Conseil de l'Europe concernant l'interdit absolue des châtiments corporels.
¾ des parents français avouent taper leurs enfants.

UN PARENT SUR HUIT N'A JAMAIS TAPE SES ENFANTS

« Actuellement, une enquête SOFRES faite en janvier 1999 pour « Éduquer sans frapper », montre que seulement 12,5 % des personnes interrogées ayant des enfants ne leur donnent jamais de coups, alors que 33 % en donnent rarement, et que 54,5 % en donnent plus souvent. Les plus âgés et les moins diplômés des enquêtés ont été les plus battus dans leur enfance. Ces moins diplômés utilisent à leur tour plus fréquemment les châtiments physiques que les autres parents puisque 45 % des « sans diplôme » fessent leurs enfants « de temps en temps ou souvent », contre 40 % des possesseurs du certificat d'études, 28 % des CAP, BEP, BEPC, 24 % des BAC et 19 % des diplômés de l'enseignement supérieur. Les femmes avouent battre leurs enfants « plus que rarement » pour 35 % d'entre elles, contre 22 % des hommes. » source
Et pourtant, taper les enfants est puni de 3 ans de prison.( Article 222-13 du code pénal).
Et pourtant taper ses propres enfants, c'est 5 ans de prison si les violences sont légères (sans arrêt de travail)
« En France, la loi punit de 5 ans de prison les violences légères données par ascendants »

Taper pour supprimer toute capacité d'empathie chez les enfants

Quelle fonction peut bien avoir cette forme primitive de coercition utilisée sur les enfants : la pratique des châtiments corporels ?

L'objectif affiché des Romains était de déshumaniser les êtres humains que sont les enfants pour en créer des robots adultes esclavagistes

TAPER POUR BRISER LES ENFANTS INNOVANTS:
RÉBELLION EST "INSOLENCE", INTELLIGENCE EST "RUSE", CREATIVITE EST "ASTUCE"

Platon recommande dans les Lois de traiter avec la plus grande sévérité les enfants qui doivent être punis en cas de faute. Il ne mentionne pas explicitement les punitions corporelles. Mais celles-ci sont implicites, car il met sur le même plan les enfants, le bétail et les esclaves :
« De tous les animaux, c’est l’enfant le plus difficile à manier ; par l’excellence même de cette source de raison qui est en lui, non encore disciplinée, c’est une bête rusée, astucieuse, la plus insolente de toutes » (Lois 808d).
L'objectif est clair pour Platon. Il faut taper les enfants afin de supprimer en eux leur rébellion qu'il nomme insolence, leur intelligence qu'il nomme ruse et leur créativité qu'il nomme astuce.

Pour résumer Platon explique que les châtiments corporels ont pour fonction de déshumaniser ces êtres humains et donc de les transformer en robots Répétants et Parasites d'une société esclavagiste qui a perdu tout altruisme et toute capacité d'empathie.

Des chercheurs ont montré que les châtiments corporels perturbent l'équilibre psychologique d'un être humain

Les châtiments corporels amènent l'enfant à se durcir, à être agressif (nécessaire pour une société esclavagiste)
« En effet les châtiments corporels risquent plus de déclencher des actes violents que d’améliorer le comportement des enfants. En effet les enfants victimes peuvent développer le réflexe de l’utilisation de la violence envers d’autres enfants plus tard notamment une conduite agressive » Extraits de la Conférence Janusz Korczak 2009 organisée par Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme, et donnée par Peter Newell, coordinateur de l’Initiative mondiale pour mettre fin aux châtiments corporels des enfants (Genève, 6 juin2009).

L'HUMANOLOGIE,LE POSTMARXISME ET LES VIOLENCES PHYSIQUES

Les études sur le sujet sont récentes et doivent être confrontés à une analyse plus large incluant la lutte des strates entre les Innovants, les Répétants et les Parasites.
Il est néanmoins déjà remarquable que la fonction la plus probable de cette pratique « éducative » est de transformer des êtres humains de la strate des Innovants en Répétants obéissants ou en Parasites cyniques et dominiteurs.

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